Les personnages
En 1998, la gauche est au pouvoir. Leurs textes sont exclusivement un montage de citations. Celles-ci sont en majorité extraites des débats ayant eu lieu à L’Assemblée nationale et au Sénat, lors du vote de la loi portant sur l’entrée et le séjour des étrangers en France, proposée par M. Chevènement en 1998, loi RESEDA.
Une Marianne se réveillant d’un coma, quasi muette.
Elle sort parfois de son mutisme en mimant les propos des Nains et des Politiques et en répétant certains mots. Dans un deuxième temps, elle retrouvera la parole et recommencera par le début : le dictionnaire. Assiste-t-elle au cauchemar qui l’a plongé dans le coma ? Le plateau est-il une projection de ce qu’elle a traversé ou « voilà voilà que ça recommence » ?
Le chœur d’Euphémismes. Leurs textes sont exclusivement un montage de citations. Celles-ci sont en majorité extraites d’articles parus dans la presse en 1997/1998 – articles co-signés par différents intellectuels « de gauche ».Leur voix est double mais se travaille en chœur. Un cerbère.
La télévision. Elle semble parler normalement. A l’écouter pourtant le vertige de sa langue hypnotise, l’hypnotise ? Entre fond et forme son émotion se fige, se plastifie. Trois mots restent : C’est mon choix.
Le trio d’Euphémismes: L’espace de l’altérité Le corps social. Ils sont ensemble – se connaissent depuis l’enfance. Le savent-ils ? S’en souviennent-ils ? Ils sont là sur leur banc depuis l’enfance et ils parlent.
Face au réel
Toujours en mouvement. Précis. Jamais dans la démission. L’enfance apolitique : comment sortir de cette impuissance, comment re-penser la possibilité du politique ? Déjà déconstruire le faux-plein, désamorcer les présupposés idéologiques d’un système – s’affranchir d’un réel découpé, cloisonné. Dénouer pour retrouver du lien. Ensuite se déplacer, créer du mouvement, ne pas se figer, s’approcher du vide… Obsessionnel. Pas doué dans l’émotif.
Face à l’homme blanc.
Un corps réceptacle – un corps qui porte la parole et là, la dit. Ce que l’on appelle un témoin. Il est l’écart – l’exil – l’entre-deux – dans l’espace social mais aussi dans sa chair. Il porte la violence, celle des autres et la sienne. Il est là, il y assiste. Elle le traverse. Il est l’étranger. Par sa parole, par ce qu’il entend, il est tous les étrangers. Comment dire je quand on est plusieurs ? Comment rester debout ? Comment ne plus être victime sans devenir bourreau ?
Face au miroir
Son corps aussi est un réceptacle. Réceptacle de tous les discours. Comment être avec l’autre sans fusionner, comment s’en séparer sans se perdre, comment trouver l‘espace à côté, l’espace du tiers. Il est la contradiction – le moteur du tragique. L’Electeur Parfait est morcelé. Son image dans le miroir est éparpillée, impossible de dire « je ». L’Homme Noir est plusieurs personnes. L’Electeur Parfait ne cesse d’être quelqu’un d’autre. A chaque fois qu’il est là, il en est là. Ne se regarde ni ne s’écoute. Présence à vif.